Epigraphica Romana
ANHIMA
Rédacteur : J. Aliquot
2015_50_006 (Inscription révisée)

Acclamations pour le phylarque jafnide Aréthas

Concordance(s) : IGLS, V, 2553

Publication(s) :

P.-L. Gatier, "Les Jafnides dans l’épigraphie grecque au VIe siècle", dans Les Jafnides, des rois arabes au service de Byzance (VIe siècle de l’ère chrétienne). Actes du colloque de Paris, 24-25 novembre 2008, D. Genequand, C. J. Robin éd., Paris, 2015 (Orient et Méditerranée, 17), p. 196-201, fac-sim.

Provenance : Syrie (Phénicie Libanaise), Qaṣr al-Ḥayr al-Gharbī, Heliaramia, Palmyre, gouvernorat de Homs, Syrie.

Découverte : 1936-1938. Remployé comme seuil à l’entrée du palais omeyyade construit sur le site d’un monastère protobyzantin.

Conservation : Damas. Musée national.

Support : Linteau. Calcaire.

43 x 399

Champ épigraphique : Inscription divisée en cinq panneaux numérotés de droite à gauche : 1 et 2 à gauche d’un médaillon comprenant une croix peinte en noir sur fond rouge, 3, 4 et 5 à droite du médaillon.

Ecriture : Capitales irrégulières. Traces de peinture.

Mise en page : Réglures.

Texte : Grec. Acclamation.


a)

[---] Ἀρέθα πατρικίου

[πολλ]ὰ τὰ ἔτη · ζωή · μέ-

[γας] · καλõς ἔλθης ·

καλõς ἔλθης Ἀ[ρέθα ?]

τοῦ ἔ̣τ̣ọυ̣ς̣ [---].

 

b)

ἀρχημανδρίτου καὶ

τοῦ εὐλαβ(εστάτου) Ἀνεστασί(ου)

διακό(νου) καὶ τῆς φυλαρχίας

τοῦ ἐνδοξωτάτου Ἀρέθας

στρατ(ηλάτου) εἵνα ὁ δε<σ>πότης

Θεὸς …


a)… de nombreuses années à Aréthas le patrice. Vie. Grand. Sois le bienvenu. Sois le bienvenu, Aréthas, l’an… b) (sous le grand ami de Dieu Serge), archimandrite, et sous le très pieux Anastase, diacre, et sous la phylarchie du gloriosissimus maître des milices Aréthas pour que le Seigneur Dieu…

Commentaire :

L’a. considère que les cinq panneaux de l’inscription sont contemporains et qu’ils ne forment qu’un seul texte, ce qui est en effet plus vraisemblable que l’hypothèse de D. Schlumberger, suivie dans les IGLS, d’une accumulation progressive d’acclamations. Il révise en partie le texte des panneaux 1 et 4, ici reproduits. Principales variantes : a) [† Φλ(άουιος)] à la l. 1, [ὡς ?] καλõς ἔ<λ>θης à la l. 4, τοῦ † ωο̣ʹ ṾϹ̣ à la l. 5, l’an 870 des Séleucides équivalant à l’an 558/559 p. C. (IGLS) ; b) la mention de l’archimandrite, ἐπὶ τοῦ θεοφιλεστάτου Σεργί[ου], apparaît à la fin du panneau 3, comme le suggère déjà D. Schlumberger, et non sur une hypothétique première ligne du panneau 4, restituée dans les IGLS ; l. 5, l’a. adopte la lecture de L. S. B. MacCoull (AE, 1996, 1542), au lieu de στρατὲ (?) ἵνα (IGLS). Selon l’usage, les acclamations sont affichées à l’endroit même où elles ont été exprimées de vive voix lors d’un cérémonial de réception du prince jafnide Aréthas (al-Ḥārith ibn Jabalah, PLRE, IIIa, s.u. Arethas) et à l’occasion de la construction de la porte principale du monastère local. Les titres de magister militum (sans doute honoraire) et de gloriosissimus placent le phylarque dans la classe des illustres, la plus élevée des dignités byzantines. L’association d’un militaire de haut rang aux autorités monastiques, qui n’a rien d’exceptionnel dans le formulaire des dédicaces de construction, ne témoigne pas de l’indépendance d’Aréthas vis-à-vis du pouvoir byzantin. Elle peut en revanche résulter d’un don ou d’un patronage motivé par le soutien personnel accordé par le chef arabe aux établissements des adversaires du concile de Chalcédoine.

Datation : 528-569/570 p. C., période du phylarchat d’Aréthas, al-Ḥārith ibn Jabalah.