Concordance(s) : CIL, VI, 10048 = ILS, 5287 = AE, 2008, 176 = EDR102150 = AE, 2006, 1866
Publication(s) :
J.-P. Thuillier, "Circensia 2. De toutes les couleurs", REA, 117, 2015, p. 109-114.
Bibliographie(s) :
L. Vecchio, "La documentazione epigrafica ", dans Velia. Atti del quarantacinquesimo convegno di studi sulla Magna Grecia. Taranto – Marina di Ascea, 21-25 settembre 2005, Tarente, 2006, p. 404-406.
Provenance : Roma, Rome, Roma, Ville métropolitaine de Rome Capitale, Italie.
Découverte : Au campus Vaticanus, près du circus Neronis.
Conservation : Perdue.
Support : Plaque. Rectangulaire. Marbre. Brisée à gauche.
118,3 x 236,6 x 7,4
Texte : Latin. Épitaphe.
[C(aius) Appu]leius Diocles, agitator factionis russatae,
[nati]one Hispanus Lusitanus, annorum XXXXII, mens(ium) VII, d(ierum) XXIII.
[Is pri]mum agitauit in factione alb(ata) Acilio Auiola et Corellio Pansa co(n)s(ulibus).
[Primu]m uicit in factione eadem M(anio) Acilio Glabrione C(aio) Bellicio Torquato co(n)s(ulibus).
[Item p]rimum agitauit in factione prasina Torquato Asprenate II et Annio Libone co(n)s(ulibus). Primum uicit
[in faction]e russata Laenate Pontiano et Antonio Rufino co(n)s(ulibus). Summa : quadriga agitauit annis XXIIII, missus ostio IIII (milia) CCLVII,
[uicit MCCC]CLXII, a pompa CX. Singularum uicit (mille) LXIIII, inde praemia maiora uicit LXXXXII : XXX (milia) XXXII, ex his seiuges III; XXXX (milia) XXVIII,
[ex his seiuge]s II ; L (milia) XXVIIII inde septeiuge I ; LX (milia) III. Binarum uicit CCCXXXXVII, trigas ad HS XV (milia) IIII. Ternarum uicit LI. Ad honorem uenit (mille)
[CCCCLXII, tulit s]ecundas DCCCLXI, tertias DLXXVI, quartas ad HS (mille) I, frustra exit (mille) CCCLI. Ad uenetum vicit X, ad albatum uicit LXXXXI, inde ad HS XXX (milia) II.
[Rettulit quaest]um HS CCCLVIII LXIII (milia) CXX. Praeterea bigas (miliarias) uicit III, ad albatu(m) I, ad prasinu(m) II. Occupauit et uicit DCCCXV, successit et uicit LXVII,
[praemisit et uici]t XXXVI, uariis generibus uic(it) XXXXII, eripuit et uicit DII : prasinis CCXVI, uenetis CCV, albatis LXXXI. Equos centenarios fecit n(umero) VIIII et ducenar(ium) I.
Insigna eius
[---]to sibi, quo anno primum quadrigis uictor exstitit bis, eripuit bis. Actis continetur, Auilium Teren(tium) factionis suae primum omnium uicisse (mille) XI, ex quibus anno uno, plurimum uincendo uicit
[---, at Diocles quo an]no primum centum uictorias consecutus est, uictor CIII, singularum uicit LXXXIII. Adhuc augens gloriam tituli sui praecessit Thallum factionis suae, qui primus in factione russata
[---At Dio]cles omnium agitatorum eminentissimus, quo anno alieno principio uictor CXXXIIII, singularum uicit CXVIII ; quo titulo praecessit omnium factionum agitatores, qui unquam
[certaminibus ludorum ci]rcensium interfuerunt. Omnium admiratione merito notatum est, quod uno anno alieno principio, duobus introiugis Cotyno et Pompeiano, uicit LXXXXVIIII, LX (milia) I, L (milia) IIII, XL (milia) I, XXX (milia) II.
[Ille --- fact]ionis prasinae, uictor (mille) XXV, primus omnium Vrbis conditae ad HS L (milia) uicit VII ; Diocles praecedens eum introiugis tribus Abigeio, Lucido, Parato L (milia) uicit VIII.
[Item praecendens C]ommunem, Venustum, Epaphroditum, tres agitatores miliarios factionis uenetae, [qui] ad HS L (milia) uicissent XI, Diocles, Pompeiano et Lucido duobus introiugis L (milia) uicit
[---] factionis prasinae, uictor (mille) XXV, et Flauius Scorpus, uictor II (milia) XLVIII, et Pompeius Musclosus, victor III (milia) DLVIIII, tres agitatores uictores VI (milia) DCXXXII, ad HS L (milia) uicerunt XXVIII,
[at Diocles omnium agitatorum emi]nentissimus, uictor (mille) CCCCLXII, L (milia) uicit XXVIIII. Nobilissimo titulo Diocles nitet, cum Fortunatus factionis prasinae, in uictore Tusco uictor CCCLXXXVI, L (milia) uicit IX, Diocles
[in uictore Pompeiano uicto]r CLII, HS L (milia) uicit X, LX (milia) I. Nouis coactionibus et numquam ante titulis scriptis Diocles eminet, quod una die seiuges ad HS XL (milia) missus bis, utrasque uictor eminuit, adque amplius
[---] suisque, septem equis in se iunctis, numquam ante hoc numero equorum spectato, certamine ad HS L (milia) in Abigeio uictor eminuit et sine flagello. Alis certaminibus ad HS XXX (milia)
[uicit ---]um uisus esset his nouitatibus, duplici ornatus est gloria. Inter miliarios agitatores primum locum obtinere uidetur Pontius Epaphroditus factionis uenetae,
[qui temporibus Imp(eratoris) nostri Anto]nini Aug(usti) Pii solus uictor (mille) CCCCLXVII, sincularum uicit DCCCCXI ; ad Diocles praecedens eum, uictor (mille) CCCCLXII, inter singulares uicit MLXIIII. Isdem temporibus
[Pontius Epaphroditus eripuit] et uicit CCCCLXVII ; Diocles eripuit et uicit DII. Diocles agitator quo anno uicit CXXVII, Abigeio, Lucido, Pompeiano introiugis tribus uictor CIII, inter
[--- Inter em]inentes agitatores introiugis Afris plurimum uicerunt : Pontius Epaphroditus factionis uenetae, in Bubalo uicit CXXXIIII ; Pompeius Musclosus factionis prasinae,
[--- uicit] CXV ; Diocles superatis eis, in Pompeiano uictor CLII, singularum uicit CXXXXIIII. Ampliatis titulis suis, Cotyno, Galata, Abigeio, Lucido, Pompeiano introiugis quinque
uictor CCCCXXXXV, singularum uicit CCCLXXXXVII.
[Gaius Appu]leius Dioclès, cocher de l’écurie rouge, | Espagnol Lusitanien, âgé de 42 ans, 7 mois et 23 jours. | Il courut pour la première fois dans l’écurie blanche sous le consulat d’Acilius Aviola et de Corellius Pansa (= 122 p. C.) ; | il remporta sa première victoire dans cette même écurie sous le consulat de Manius Acilius Glabrio et de Gaius Bellicius Torquatus (= 124 p. C.) ; |5 il courut pour la première fois dans l’écurie verte alors qu’étaient consuls Torquatus Asprenas pour la seconde fois et Annius Libo (= 128 p. C.). Il remporta sa première victoire | (dans l’écurie) rouge sous le consulat de Laenas Pontianus et d’Antonius Rufinus (= 131 p. C.). Au total, il conduisit les quadriges pendant 24 ans, prenant le départ 4257 fois. | [Il remporta 14]62 victoires, dont 110 en première course, aussitôt après la procession d’ouverture. En course à un char par couleur, il remporta 1064 victoires ; parmi celles-ci, il remporta 92 victoires primées de façon exceptionnelle, 32 à 30 000 sesterces – 3 avec des équipages à 6 chevaux –, 28 à 40 000 sesterces | – 2 (avec des équipages à 6 chevaux) –, 29 à 50 000 sesterces – 1 avec un équipage à 7 chevaux –, 3 à 60 000 sesterces. En course à deux chars par couleur, il remporta 347 victoires, dont 4 avec des attelages de 3 chevaux, primées à 15 000 sesterces. En course à trois chars par couleur, il remporta 51 victoires. Il obtint 1[438 | places d’honneur], 861 places de deuxième, 576 places de troisième, 1 place de quatrième à 1000 sesterces. Il prit le départ sans succès 1351 fois. Face au cocher bleu, il remporta 10 victoires, face au blanc 91 victoires et là-dessus il eut 2 victoires primées à 30 000 sesterces |10 [face aux Verts ? --- Total de ses] gains : 35 863 120 sesterces. En outre, il remporta 3 courses de biges à 1000 sesterces, une face au cocher blanc, deux face au cocher vert. Il prit la tête dès le départ et la conserva jusqu’à l’arrivée 815 fois ; il se plaça en seconde position pour l’emporter ensuite 67 fois ; | [il laissa partir ses concurrents pour gagner dans le dernier tour ?] 36 fois ; victoires diverses : 42 ; victoires au sprint : 502 [216 sur les Verts, 205 sur les Bleus, 81 sur les Blancs]. | Ses exploits. | [---] l’année où, pour la première fois, il se dressa deux fois en vainqueur sur le quadrige, ce furent deux victoires au sprint. On lit dans les archives qu’Avilius Terentius, cocher de la même écurie, fut le premier à atteindre le chiffre de 1011 victoires ; parmi celles-ci, l’année de son record, il remporta | [---], Dioclès, pour la première fois, atteignit les 100 victoires, remportant 103 victoires, dont 83 dans des courses à un char par couleur. Rehaussant encore l’éclat de sa gloire, il a surpassé Thallus, cocher de sa propre écurie, qui, le premier dans l’écurie rouge | [---] Dioclès (devint ?) le plus illustre de tous les cochers l’année où, malgré un mauvais début de saison, il remporta 134 victoires, dont 118 dans des courses à un char par couleur, titre par lequel il a surpassé les cochers de toutes les écuries qui se produisirent jamais | (dans les jeux) du cirque. On sait – et cela suscite à juste titre une admiration unanime – qu’en une année, malgré un mauvais début de saison, avec deux chevaux limoniers, Cotynus et Pompeianus, il remporta 99 victoires, 1 à 60 000 sesterces, 4 à 50 000 sesterces, 1 à 40 000 sesterces, 2 à 30 000 sesterces. | [---], de l’écurie verte, comptant 1025 victoires, fut le premier de tous depuis la fondation de la Ville à remporter 7 victoires à 50 000 sesterces. Dioclès l’a surpassé et, avec trois limoniers, Abigeius, Lucidus, Paratus, il remporta 8 victoires à 50 000 sesterces. | [Surpassant de même] Communis, Epaphroditus, Venustus, trois cochers de l’écurie bleue à 1000 victoires chacun, qui avaient remporté 11 victoires à 50 000 sesterces, Dioclès avec deux limoniers, Cotynus et Pompeianus, remporta | [---], de l’écurie verte, qui comptait 1025 victoires, et Flavius Scorpus, qui en comptait 2048, et Pompeius Musclosus, qui en comptait 3559, trois cochers qui totalisaient 6632 victoires, comptaient 28 victoires à 50 000 sesterces, |20 [Dioclès], le recordman de tous les cochers, a remporté 1462 victoires et 29 victoires à 50 000 sesterces. Dioclès resplendit d’un titre de gloire particulièrement célèbre : alors que Fortunatus, de l’écurie verte, qui avait remporté avec le crack Tuscus 386 victoires, avait gagné sur ce cheval 9 courses à 50 000 sesterces, Dioclès, | [qui avec Pompeianus avait remporté] 152 victoires, gagna avec ce cheval 10 courses à 50 000 sesterces et 1 à 60 000 sesterces. Dioclès est célèbre pour ses attelages révolutionnaires, dont jamais auparavant on ne trouve la mention : le même jour, courant deux fois dans des courses à 40 000 sesterces avec un attelage de 6 chevaux, il remporta les deux fois la victoire ; et, mieux | [---], ayant attelé sept chevaux ensemble – jamais auparavant on n’avait vu un attelage aussi nombreux –, il s’illustra dans une victoire à 50 000 sesterces sur Abigeius ; sans fouet, dans d’autres courses à 30 000 sesterces, | [---], il acquit par ces exploits inédits deux fois plus de gloire. Parmi les cochers à 1000 victoires, la première place paraît revenir à Pontius Epaphroditus, de l’écurie bleue, | [--- à l’époque de notre empereur Anto]nin le Pieux, il fut le seul à remporter sur 1467 victoires 911 victoires dans des courses à un cocher par couleur. À la même époque, |25 [---] l’emporta au sprint 467 fois, mais Dioclès l’emporta au sprint 502 fois. Le cocher Dioclès, l’année où il l’emporta 127 fois, remportant 103 victoires avec 3 limoniers, Abigeius, Lucidus, Pompeianus. Parmi | [les plus illustres] cochers utilisant des limoniers africains, ont remporté le plus de victoires : Pontius Epaphroditus, de l’écurie bleue, avec Bubalus, 134 victoires ; Pompeius Musclosus, de l’écurie verte, | [avec ---], 115 victoires, Dioclès les a surpassés : 152 victoires sur Pompeianus, dont 144 dans des courses à un char par couleur. Augmentant ses titres de gloire, avec 5 limoniers (Cotynus, Galata, Abigeius, Lucidus, Pompeianus), | il a remporté 445 victoires, dont 397 dans des courses à un cocher par couleur. (Trad. de R. Sablayrolles, reprise par AE, 2008, 176)
Commentaire :
En réaction à l’édition assurée par R. Sablayrolles (voir AE, 2008, 176, avec traduction intégrale), J.‑P. Thuillier propose une réinterprétation des l. 9-10 (ci-dessus en gras). Ces lignes portent sur des victoires remportées ad albatum, prasinum et uenetum par l’agitator C. Appuleius Dioclès, cocher de la faction rouge, qui avait commencé sa carrière chez les Blancs puis les Verts. D’après l’a., la mention spécifique de cette centaine de courses, par ailleurs non incluses dans le décompte total, traduit une mise en valeur voulue par l’aurige lui-même (ou le commanditaire de l’inscription). Elle serait à lire comme une trace, jusqu’alors non attestée à Rome, de la pratique, connue à Byzance, du diuersium, c’est-à-dire une permutation des chevaux et des chars. L’agitator, pourtant déjà passé chez les Rouges, aurait pu l’emporter « pour les Blancs » ou « pour les Bleus » en pilotant un quadrige d’une autre faction, autrement dit sur la seule base de ses qualités de pilote. L’a. rapproche cette proposition d’un passage célèbre de Pline le Jeune (Ep., IX, 6) qu’il conviendrait de relire sous un angle similaire.
Datation : Postérieure à 145 p. C., d'après la prosopographie.